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suivre ce blog administration connexion + créer mon blog accueil contact 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >> 21 juillet 2018 6 21 / 07 / juillet / 2018 13:49 2018 07 22 - agur le retour la fin du voyage ? la fin du rêve ? la fin du blog ? et si c'était tout le contraire ? voyages au long cours... voyages intérieurs ... ou plutôt les deux ensemble ! a mon avis, il y a une sorte de parallèle entre nos cheminements terrestres (ou maritimes) et nos évolutions intérieures... faut-il pour autant partir pour se trouver ? ce questionnement qui en dit peu mais suggère à l'infini, est inscrit de manière permanente dans le "feeling" du blog. même si jusque-là je l'ai peu évoqué, c'est avec lui que nous sommes partis, il nous a accompagnés en filigrane durant tout le voyage, dans les moments heureux, dans les moments de doute, dans les périodes plus tendues. il est rentré avec nous, il est même plus que jamais d'actualité, laissant peut-être enfin filtrer quelques bribes de réponse. en réalité c'est un autre voyage qui démarre, une sorte de nouvelle ère. c'est une nouvelle phase de découvertes et d'évolution et c'est peut-être l'orientation que prendront mes prochaines écritures. en attendant il manque un épisode, et quelques uns, parmi les lecteurs du blog, ont perdu le fil. prenons le temps de revenir sur : agur (prononcer agour) le retour ! et en prime, ça rime ! comme chacun l'a compris agur, notre bateau, est resté en martinique. il a trouvé acquéreur, et il participe maintenant à une autre histoire, un autre rêve fort et bien ancré qui s'annonce lui aussi rempli de richesse. lorsque nous avons débarqué nos valises le 04 avril 2018, en présence de jean-michel, le nouveau propriétaire de agur venu spécialement de métropole pour en prendre possession, il serait tentant d'imaginer un départ poignant, chargé émotionnellement ; des adieux dignes de ce nom, l'expression d'une gratitude envers ce "bon bateau", et plein d'autres choses de ce style... mais ça ne s'est pas du tout passé comme ça. y avait-il un malin petit génie, de surcroît bienveillant, qui ce serait arrangé pour nous occuper ailleurs, et nous épargner cette décharge affective ? peut-on soupçonner agur lui-même d'avoir souhaité une digne séparation ? la réponse est celle que l'on veut, le constat est que ce fut littéralement une journée "de course" contre la montre. la première depuis bien longtemps... dès le matin, quelque chose a pris en main l'emploi du temps et ne l'a plus lâché, jusqu'à exciter le transporteur qui devait venir prendre en charge notre fret aérien (47 cartons pour un poids de 420 kilos) l'après-midi ! le bougre s'est annoncé à 10 heures, nous obligeant à chercher à toute hâte des chariots de transport, et de débarquer illico presto tous nos colis en suant comme des bêtes de somme. jean-michel que nous connaissions à peine, arrivé au même moment, s'est trouvé réquisitionné d'office. bienvenue à bord ! il y avait déjà beaucoup de démarches à effectuer d'un point de vue administratif et logistique, il y avait aussi à initier le nouveau capitaine à toutes les particularités du bateau, et même s'il comprend plutôt rapidement, il n'y avait pas de temps à perdre. et pourtant lors de l'amarrage final du bateau à sa place de ponton, profitant bien sûr d'une confusion de communication entre l'équipage et une employée du port, une amarre sournoise s'est glissée à l'eau. aussitôt happée par l'hélice tribord, le résultat ne s'est pas fait attendre : moteur bloqué. ce n'est jamais le bon moment pour ce genre de blague. en 4 ans ça ne nous est jamais arrivé. nous avions déjà eu des démêlés avec un casier de pêcheur (classique), une autre fois avec une pendille dans un port espagnol, mais une de nos propres amarres jamais ! et là, quelques heures avant de rejoindre l'aéroport avec encore pas mal de choses à gérer, ce n'était pas le moment le mieux choisi pour innover ! la veille j'avais pris, rempli de conscience, ce que je croyais être mon dernier bain dans une eau turquoise et cristalline, histoire d'imprimer une bonne image d'avant départ... raté ! ce nouveau bain forcé à mi-chemin entre un recoin de port et un fond de mangrove s'annonçait bien glauque, et il s'est révélé à la hauteur des prévisions ! visibilité 10 centimètres, couleur verdâtre généralisée, et parfum genre boisé ! il a fallu trois quarts d'heure, à deux, tour à tour en apnée, pour décoincer cette satanée amarre vicieuse sans la déchiqueter. soulagement et satisfaction. soigneuse douche désodorisante à suivre, rangement et ... essai moteur ! devinez ? non c'est impossible ! eh bien si ! pourtant tout avait été bien nettoyé et rangé, la douche, les masques, les maillots, la plage arrière rincée, mais un détail avait été oublié. juste un détail ! au démarrage du moteur tout s'est bien passé, rien à signaler mais à la mise en marche avant pour vérifier l'inverseur, l'amarre, la même, celle qui nous avait fait galérer trois quart d'heures, était encore dans l'eau ! et bloum ! bruit sourd, silence, moteur bloqué. pendant quelques secondes j'ai cru à une blague de l'espace-temps ; un retour arrière par un saut quantique ou quelque chose comme ça. en fait non c'était juste un empilage de "connerie" ; l'une sur l'autre ! du jamais - jamais vu ! deuxième cession, même cause même effets, et trois quarts d'heure plus tard, tout était clair, sauf le timing ! nous étions maintenant vraiment dans le rouge ! nous avons quitté agur en courant, comme on dirait à un bon pote qui bien sûr comprendrait : "bon on y va parce qu'on va louper l'avion... allez à plus !" c'est donc de cette manière légère que nous avons clôturé ce grand chapitre, commencé en 2013. cette fin a certainement été favorisée par l'une des caractéristiques de notre voyage ; en choisissant de le mener avec la priorité de disposer de beaucoup de temps ,nous avons pu nous rendre compte combien les jours s'égrènent doucement. le rythme de vie est calé sur le cycle du soleil, les décisions se prennent en fonction du vent et des conditions naturelles lorsqu'elles sont réunies. il y a tant de temps, que l'on est intensément plongé dans le présent. la conscience de ce que l'on vit est grande, alors elle ne laisse aucune place aux graines de regret ou de nostalgie. lorsque c'est fini, c'est juste le moment pour que ce soit fini... pas de lourdeur, pas de peine. ceci devrait éclairer et répondre aux nombreuses personnes qui spontanément nous ont dit : "oh lala ça n'a pas été trop dur le retour ? " ou "ça a dû vous faire quelque chose de quitter le bateau...". pour certains, il est difficile de comprendre et d'associer ces deux pôles : oui c'était un beau voyage, oui nous sommes heureux de l'avoir vécu, et oui nous sommes heureux de le voir se terminer, parce qu'il est rempli, parce qu'il est plein de toute sa gamme. un œil attentif verra peut-être dans cette dernière épreuve initiatique sur agur, un double dénouement (d'amarres) , une manière de travailler le "détachement", ou encore que nul ne sait jamais quand il prend son dernier bain! et quand bien même on pense que cette fois c'est vraiment le dernier, il peut y en avoir encore un après... j'en souris encore... l'atterrissage s'est fait en douceur, avec une météo clémente, ce qui n'a pas empêché que des achats rapides de chaussettes, pulls, pantalons, et chaussures se sont révélés nécessaires. ce devait être comique de nous voir hanter les galeries marchandes, chargés de sacs (en papier - nouvelle écologie oblige) en quête de nos déguisements terriens ! puis se fut au tour du changement de téléphone, et de l'adaptation des forfaits téléphoniques et d'accès internet. pas simple de s'y retrouver... 48 heures après notre arrivée, nous nous sommes mis à la recherche d'un camping-car, qui serait pour quelques semaines notre véhicule et notre toit. démarches auprès de concessionnaires, un autre univers avec ses propres codes... autre rythme, autre monde que celui de la société terrienne ! notre retour à terre a été ponctué d'étonnement